Clôture du BNP Paribas Open de France
2011-07-01 09:39:40.203

Depuis 1985, les meilleurs joueurs mondiaux de tennis en fauteuil s'affrontent lors du BNP Paribas Open de France. La 26ème édition vient de s'achever.
Le parc de Sceaux abrite un château, une forêt, des kiosques de détente, des jeux d'eau et un complexe sportif avec notamment la plus grande piscine découverte du département des Hauts-de-Seine qui peut accueillir jusqu'à 1500 personnes. En cette saison, les promeneurs viennent pour pique-niquer, se promener ou faire du sport. Mais il n'y a pas que ça. Le parc de Sceaux accueille également un tournoi de tennis, le BNP Paribas Open de France. Pendant six jours, au Stade de la Grenouillère à Antony, les meilleurs joueurs mondiaux du tennis en fauteuil s'affrontent. Sur place il n'y a pas de gros moyens: un terrain de terre battue et tout autour des stands pour l'accueil, l'information, la buvette et les loges de joueurs et d'arbitres. Mais les apparences sont souvent trompeuses…
Car le BNP Paribas Open de France n'est pas une petite compétition. Avec plus de 80 bénévoles, 32 ramasseurs de balles, 40 arbitres et juges de ligne, 120 joueurs et 20 nations représentées, c'est le premier tournoi International de Tennis Handisport organisé en Europe. Il a d'ailleurs obtenu l'année dernière le grade de « Super Serie » et devient donc l'un des neuf plus importants tournois du monde. Cette année, il est d'autant plus important pour les joueurs que c'est la première étape dans la course aux qualifications pour les jeux paralympiques de Londres l'année prochaine. Et au bout de 26 éditions le tournoi est parfaitement rôdé: « On a la même organisation de base. C'est important. On est l'un des seuls tournois au monde avec la même organisation depuis le début » rappelle Pierre Fusade, le directeur du tournoi, tranquillement installé dans la zone VIP après avoir apprécié un quart de finale. Le BNP Paribas Open de France n'est donc pas Roland-Garros ou Wimbledon mais ce n'est pas non plus un petit tournoi!
D'autre part, le tennis en fauteuil a de plus en plus de succès. Crée dans les années 80, la discipline s'est professionnalisée et a fini par s'imposer dans le grand chelem (Roland-Garros, Wimbledon, Open d'Australie et US Open). Mais à l'image d'un public peu nombreux, force est d'admettre que le BNP Paribas Open de France n'est pas très connu. A qui la faute? A Wimbledon bien sûr, le plus vieux tournoi de tennis au monde et qui a lieu au même moment. D'ailleurs, entre chaque match du BNP Paribas, personne ne peut s'empêcher de regarder les affiches de Wimbledon retransmises sur le grand écran du stade. Mais d'autres raisons expliquent cette absence de reconnaissance. Le manque de communication et d'intérêt pour le tennis chez les handicapés est évident. Je suis le seul journaliste venu ce jour-là faire un reportage sur le sujet. Heureusement, lors de la finale, dimanche, il y a beaucoup de monde dans les gradins malgré les 35 degrés affichés au thermomètre, et même des habitués. Et Pierre Fusane est optimiste: « Beaucoup ne savent pas que le tennis en fauteuil existe (…) Mais ça vient petit à petit. On ne désespère pas (…) Le tennis est un super sport d'intégration et il y a toujours de la vie sur le tournoi ».
En plus, cocorico, la France est en grande forme dans cette discipline. 3 des 10 meilleurs mondiaux sont Français. Parmi eux, Stéphane Houdet. Il a commencé le tennis à 8 ans et malgré un accident de moto à 25, il continue. « Mon meilleur classement est numéro 2 mondial et numéro 1 en double ». En 2008 aux Jeux Paralympiques de Pékin, Houdet est médaillé d'or. Il connaît bien ce tournoi qu'il a déjà gagné et il a même failli aller de nouveau en finale cette année avec l'autre Français en lice en demi-finales, Nicolas Peifer. Malheureusement ni l'un ni l'autre n'a décroché son billet pour la finale. La revanche, ça sera pour l'année prochaine… La relève, elle, est prête. Croisé près de la buvette à deux heures d'un match important mais très détendu, l'ancien basketteur Gaetan Menguy est un jeune espoir du tennis en fauteuil. Pour sa première participation au tournoi, il n'a pas passé le premier tour et espère « trouver des partenaires pour jouer car le frein devient financier ». Mais sur le long terme, Gaetan « vise le top 20 mondial ».
Les vainqueurs de l'édition 2011 sont inconnus du grand public alors que ce sont les stars de la discipline: côté féminin, la néerlandaise Aniek Van Koot est n°6 mondial. Côté masculin, le n°1 mondial, le Japonais Shingo Kunieda est intraitable. Il a expédié en moins d'une heure le néerlandais Maikel Scheffers, pourtant vainqueur de l'édition de Roland Garros cette année. Bref, une sorte de Nadal-Federer mais en version très rapide!
Du coup pour faire connaître le tennis en fauteuil roulant et année pré-olympique oblige, une opération a été mise en place sur la région parisienne, « Je roule pour le tennis ». Crée à l'initiative d'un groupe d'étudiantes en communication de l'école de commerce en alternance PPA, Alexandra, Audrey, Virginie, Cathia et Rim, le concept est simple mais original comme le présente Claire Davaine, responsable de la communication de la commission tennis au sein de la Fédération Française du Handicap: « Customiser un fauteuil, y faire asseoir des gens pour les prendre en photo, le promener sur Roland Garros ensuite sur les Champs-Elysées, puis au Trocadéro et au Parc de Sceaux avant de le laisser achever sa course sur l'Open de France ». Cela n'est pas par hasard puisque « L'Open de France est la première étape pour les joueurs internationaux dans leur course pour la qualification des jeux paralympiques de Londres (…) ». Parmi les personnalités sollicitées pour être pris en photo dans le fauteuil figure Nelson Monfort qui a fait quelques interviews sur le tournoi pendant la retransmission de Roland Garros. La recherche de notoriété finit par payer…
Le but de l'opération « Je roule pour le tennis » est de « faire prendre conscience que c'est pas parce qu'on est handicapé qu'on ne peut pas faire de sport », insiste Cathia, une des étudiantes fière du projet. Le fauteuil devient un « accessoire de jeu et pas un handicap » souligne Alexandra, une autre étudiante, et Claire ajoute « on essaye de sensibiliser un public très large (…), acter la présence de cette discipline » et « soutenir nos athlètes français à Londres ». D'ailleurs, le fauteuil va quitter la France à l'issue du tournoi et va continuer à voyager dans d'autres pays lors des grands rendez-vous à venir (Open d'Australie, Us Open…) et ce jusqu'aux JO de Londres du 27 juillet au 12 août 2012.
Mais comme l'explique Claire Davaine, la situation pour les handicapés est plus simple dans ces pays alors qu'en France un retard important a été pris dans l'accessibilité et le regard que l'on a du handicap. Il s'agit donc d'une « action sportive française pour changer une mentalité française ».
Article original sur streetgeneration.fr
Retour sur Rencontre-Handicap