Florence Veillet : une championne d'équitation qui n'a pas peur des « obstacles »
2011-04-12 08:05:43.39

A l'aube de la quarantaine et après une longue éclipse, cette handisportive espère vivre ce qui la faisait rêver avant l'accident qui a failli l'emporter : la compétition équestre au plus haut niveau.
La vie de Florence Veillet a failli s'arrêter en 1991, lors d'un terrible accident d'automobile, elle avait 19 ans et commençait à travailler. Au terme de plusieurs interventions chirurgicales et d'un long parcours médical de sept années, sa colonne vertébrale a été remise en état à force de tiges et plaques, elle peut marcher avec des cannes anglaises. De son traumatisme crânien elle conserve des migraines chroniques. L'ensemble des séquelles lui inflige des douleurs continuelles qui sont traitées au moyen d'un stimulateur implanté. Un combat qu'elle mène également en faveur des autres, en signant et appelant à signer l'appel mondial pour le traitement de la douleur initié par le Docteur Alain Serrie qui préside Douleurs sans frontières.
Sur le plan social, ses quelques mois de travail en contrat de qualification dans un lycée agricole ont valu à Florence l'octroi d'une pension d'invalidité de deuxième catégorie, pour inaptitude au travail et au montant minimum. Elle avait débuté l'équitation alors qu'elle avait neuf ans, pour contribuer à soigner un sévère problème de santé ramené d'un voyage lointain. Déjà, sa douleur avait été ignorée, et elle l'avait refoulée sous sa timidité d'enfant au point de ne presque plus communiquer. Jusqu'à ce qu'un psychologue suggère à ses parents le contact avec les chevaux, pour sortir la petite Florence de son enfermement. Avec son premier cheval, Tonnerre, elle a repris goût à la vie.
Elle avait décidé de faire de l'équitation son métier, vocation brisée par l'accident. "Il m'a obligé d'enfouir en moi cette volonté de compétition, alors qu'elle est pour moi une manière d'exister". Ce n'est qu'en 2009 qu'elle a eu le goût de reprendre la compétition, grâce au soutien et aux encouragements de son "voisin", l'handi-athlète multi-médaillé Joël Jeannot.
Ce parcours douloureux ne l'a pas empêchée de se marier, en 1996, ni de désirer un enfant : Jonathan est né en 2000. Un enfantement difficile, là encore à cause des séquelles de l'accident qui l'ont obligée à avoir recours à une assistance médicale à la procréation, puis six mois d'alitement durant une grossesse très surveillée. Mais enfin un fils qui, alors qu'il a eu six ans, a voulu monter à cheval, ce qui a donné envie à sa mère de reprendre l'équitation. "Les sensations sont très vite revenues, se rappelle Florence Veillet. Conduire le cheval était très facile au pas, le trot est douloureux pour mon dos, mais pas le galop !". C'est pourtant par le saut d'obstacles, avec la jument que son mari a achetée en 2008, Quite, qu'elle est revenue à la compétition, mais en ressentant de violentes douleurs à la réception des sauts. "J'ai une perte de sensibilité dorsale, explique-t-elle. Je ne sens pas la foulée du cheval dans l'herbe, alors qu'elle est très perceptible sur le sable."
En compétition internationale handisport, seul le dressage est admis, et Florence doit, de ce fait, s'orienter vers une discipline qui l'oblige à changer de cheval, Quite n'ayant pas les qualités nécessaires pour cette compétition particulière. Une dépense de 40.000€, sur un budget global de compétition de 100.000€ qu'elle espère financer grâce au soutien de ses sponsors et du public : elle propose à chacun d'acheter une action symbolique de 50€ destinée à soutenir le défi qu'elle s'est fixé, participer aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 et aux championnats d'Europe et du monde des années suivantes. Pour cela, elle a fondé l'association Quite et l'arbre de vie, et la Franco-American Vocal Academy (FAVA) organise une série de récitals de bienfaisance. De fait, n'ayant pas d'emploi, et nouvelle venue au sein de l'équitation handisport, Florence ne peut disposer d'aides financières dans le cadre du sport de haut niveau. Mais elle bénéficie, comme les autres compétiteurs handisports, des stages organisés par la Garde Républicaine à Vincennes, sous la houlette du capitaine Philippe Célérier. De ses objectifs sportifs, elle dit : "Je suis sûre qu'avec du travail j'y arriverai !"
Originaire de Chamonix (Haute-Savoie), Florence vit depuis de nombreuses années dans le Périgord, à Saint-Nexans ou elle est même conseillère municipale. Elle pourrait travailler contre rémunération : il suffirait que le maire de Bergerac veuille bien accepter de transformer en contrat de travail l'activité bénévole de soutien scolaire qu'elle conduit depuis de nombreuses années auprès d'enfants en difficulté. Parce que Florence Veillet n'a pas cessé de travailler dans le milieu associatif même si cela n'est pas payé. Et cet altruisme, elle l'exprime également en soutenant une fillette infirme motrice cérébrale, Léa, dans ses débuts d'écuyère. Sa protégée devrait être classifiée à Deauville dans quelques jours, ce que Florence exprime pudiquement comme une résonnance de l'enfant qu'elle fut : "Elle a le droit d'avoir des rêves..."
Article original sur Yanous
Retour sur Rencontre-HandicapTsunami au Japon: le désarroi des sinistrés handicapés
2011-04-11 09:57:51.843

Ils ont non seulement perdu leur logement, mais aussi leurs équipements et parfois leur aide-soignante: pour les handicapés sinistrés du tsunami du nord-est du Japon, la vie est devenue "vraiment éprouvante" dans l'inconfort des centres d'hébergement.
Sachiko Miura, 66 ans, est quasiment sourde. Le 11 mars, elle n'a pas entendu l'alerte au tsunami après que la Terre ait violemment tremblé. Les vagues géantes l'ont surprise au deuxième étage de sa petite maison en bois dans le port d'Otsuchi, où elle a vécu toute sa vie.
"En un rien de temps, j'avais de l'eau jusqu'à la taille et je tremblais de froid et de peur", se souvient Sachiko, les larmes aux yeux.
"Lorsque la nuit est tombée, je pouvais voir des flammes par la fenêtre et sentir les explosions de gaz".
Après plusieurs heures d'effroi et de solitude, la sexagénaire malentendante est secourue par des voisins et accueillie dans un centre d'urgence installé dans la partie haute d'Otsuchi, préservée des vagues.
Un mois après, Sachiko y est toujours et se remet difficilement de la catastrophe. Elle souffre de la promiscuité et de son incapacité à communiquer aisément avec les autres rescapés et les secouristes.
Elle n'est pas la seule dans ce cas.
Personnes agées et vulnérables
Nombre de réfugiés sont des personnes âgées, qui sont sur-représentées dans le nord-est du Japon, une région plutôt traditionnelle que désertent les jeunes actifs à la recherche d'emploi.
Beaucoup d'entre elles n'ont plus accès aux équipements pour handicapés ou aux maisons spécialisées, détruits par le séisme et le tsunami.
Le gouvernement n'a pas communiqué sur le nombre total d'handicapés parmi les 160.000 personnes qui restent hébergées dans les centres d'accueil, un mois après la pire catastrophe subie par le Japon depuis la Deuxième guerre mondiale, avec près de 28.000 morts et disparus.
Mais ils seraient environ un millier dans la seule préfecture d'Iwate, l'une des plus affectées, selon les autorités locales.
"Quand Mme Miura est arrivée au centre d'hébergement, elle a eu du mal à s'adapter à la vie de groupe", témoigne Chikako Yamazaki, une rescapée attentionnée qui prend soin que sa camarade d'infortune ne manque ni de nourriture ni d'attention.
"Ici, chacun est vraiment stressé. Et s'occupe surtout de soi-même", constate-t-elle.
La vie "vraiment éprouvante"
Installé à proximité, Takeo Yamada, 63 ans, trouve la vie "vraiment éprouvante" depuis le 11 mars.
Partiellement paralysé, ce retraité a perdu le soutien de l'aide-soignante qui s'occupait de lui, à domicile. "Je suis devenu totalement dépendant de ma femme. Je suis désolé pour elle. Je ne demande qu'une chose: retrouver mon ancienne vie".
Mais la situation ne devrait pas s'améliorer très rapidement. A Otsuchi, de nombreux professionnels de la santé ont péri; d'autres ont quitté la ville. "C'est difficile, dans ce contexte, de rétablir les services", se désole Osamu Iwabuchi, un travailleur social.
En attendant, le désastre présente l'opportunité aux handicapés, qui souffrent souvent de solitude, "de mieux s'intégrer dans la société", estime Hiromitsu Mihara, un expert des questions sociales.
"J'espère qu'un bien sortira de cette épreuve".
Article original sur Tribune de Genève
Retour sur Rencontre-HandicapLa boutique du handicap : escroquerie en ligne ?
2011-04-08 07:19:01.14
Une série de plaintes en justice a été déposée par des internautes français qui ont commandé en ligne auprès de La boutique du handicap.
Ils n'ont pas reçu les matériels qu'ils ont payés depuis l'automne dernier, et la société suisse Handiaccess (à ne pas confondre avec les organisations françaises homonymes) qui gère cette boutique pourtant toujours en ligne ne répond ni aux messages ni au téléphone. En fait, cette Sarl Handiaccess, bien qu'inscrite au registre suisse du commerce des sociétés, est une filiale d'Handi-access Ltd immatriculée aux Iles Vierges britanniques, célèbre paradis fiscal et lieu privilégié d'enregistrement de sociétés écrans ou servant à réaliser des escroqueries. La Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes de Rhône-Alpes a saisi les autorités suisses et envisage de faire de même avec "les autorités de contrôle des autres pays concernés".
Article original sur Yanous
Retour sur Rencontre-HandicapEtre handicapé au Congo
2011-04-07 09:57:37.734

Marquée par les conflits, la République Démocratique du Congo délaisse ses nombreux citoyens handicapés, qui s'efforcent de s'organiser pour vivre dignement.
La République Démocratique du Congo est, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, au premier rang des pays d'Afrique Centrale en nombre de personnes handicapées. Et leur situation sociale et professionnelle demeure préoccupante. D'une manière générale, ces personnes vivent en majeure partie dans des centres d'hébergement communément appelés "centres pour handicapés". D'autres restent dans leurs familles ou vivent chez des "personnes de bonne volonté". Leur accès aux soins est tributaire de la politique sociale accordée aux personnes vulnérables, notamment dans les hôpitaux généraux qui sont établis dans toutes les provinces. A Kinshasa, elles reçoivent une réduction allant jusqu'à 80 % des frais des soins, et parfois une exemption faute d'une capacité de pouvoir d'achat. Il n'existe pas de politique distributive des aides techniques. Les personnes qui ont la chance d'être en contact avec des donateurs extérieurs se servent, des trafics s'organisent : dans les rues de Kinshasa se pratique à qui mieux mieux la vente d'équipements orthopédiques reçus par des ONG ou d'autres partenaires sous forme de dons ou avec exonération...
Ni emplois ni allocations
Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est de 60€, et les personnes handicapés n'ont pas droit aux allocations ni aux indemnités liées à leur handicap si elles sont employées. "En me comparant avec le travailleur qui attend son SMIG, mon travail à mon compte me permet de gagner un revenu journalier de 5.500FCFA soit l'équivalent de 8€ par jour, explique Espérant Muyabi Samba, handicapé moteur et cordonnier sur la place Victoire à Kinshasa. Et parfois c'est moins que ça, en temps de crise. Je vis de mes activités de cordonnerie artisanale à cette place publique. Donc je me considère mieux."
"Mon souci est lorsque la Police disperse les débrouillards, elle ne me laisse pas le temps d'emballer mes affaires. Je suis traité sur un pied d'égalité et sans humanité avec ceux ayant des conditions physiques normales, elle ne tient pas compte de mon état de handicapé. Je me demande à quel point ma vie est hypothéquée puisque personne ne m'offrira un job et que même ce que je fais en m'établissant à mon compte ne présente aucune garantie de viabilité. La seule différence peut-être entre moi et le travailleur qui attend son SMIG est qu'il est protégé et moi non". Actuellement, Espérant Muyabi Samba loge chez des religieux d'une Paroisse de la confrérie des Eglises du Réveil.
Bien que garantie par l'article 49 de la Constitution, la représentation des personnes handicapées dans la gestion des affaires publiques n'est que figurative car la loi organique de mise en oeuvre n'a pas été élaborée et la proposition de coopter des personnes handicapées à l'Assemblée Nationale bloquée par son ancien président Olivier Kamitatu. Makangila Ngiengo, un étudiant couturier handicapé moteur, sait bien que la Constitution congolaise reconnaît qu'il est du devoir de l'Etat de promouvoir la présence des personnes handicapées dans les institutions nationales, provinciales et locales : "Que ferai-je lorsque je terminerai mes études ? Je vois déjà mes ainés handicapés qui ont terminé leurs études aujourd'hui, ils ne se retrouvent nulle part d'une manière générale. Ils finissent pour la plupart par s'établir à leur compte à cause de la discrimination. A quoi servirait alors que j'étudie, parce que la discrimination continue encore de plus belle ?". Actuellement, Makangila Ngiengo vit chez sa mère au quartier Delveaux, à Binza dans la commune de Ngaliema, il n'a pas de matériel de départ pour commencer une activité professionnelle à son propre compte.
Agir pour soi et les autres
Les femmes handicapées sont sérieusement marginalisées, quand bien même la question de la parité est un sujet d'actualité : "Si les hommes handicapés éprouvent d'énormes difficultés pour s'épanouir, comment il en sera pour les femmes handicapées ! déplore Annie Ngoie Cimone, présidente de l'Association Congolaise pour la Libération et le Développement de la Maman Handicapée (ACOLDEMHA). Il faut une politique qui cadre avec les actions de promotion de la femme handicapée." D'autres, comme Marie Makaba et Aimé Kalanda, regrettent que des parents handicapés abandonnent leurs enfants, à cause de leurs faibles revenus. Ces enfants sont recueillis par des ONG. Devant cet état des choses, Annie Ngoie Cimone, handicapée moteur, appareillée de deux prothèses, a initié une série de formation pour des femmes handicapées à la cuisine de la chikwange, la salaison des poissons, la fabrication de produits d'entretien des locaux. A cette formation, elle a associé toute les catégories de handicap (moteur, visuel, auditif, mental). Elle pense que se limiter à une seule activité constitue également un facteur de risque de vulnérabilité causé par la mévente.
A Béni dans la Province du Nord Kivu, André Djunga, handicapé moteur, explique que les infrastructures scolaires et sociales ont été détruites. Le seul centre est Heri Kwetu, qu'il dirige, en instance de réhabilitation limitée faute de moyens. L'accès des personnes handicapées aux aides techniques est un calvaire et les centres orthopédiques quasiment inexistants. André Djunga s'apprête à effectuer des visites analogues pour établir les réalités dans les autres provinces comme le Sud Kivu et le Maniema, pour montrer d'autres réalités de la vie des personnes handicapées, dont le nombre est sensiblement en augmentation du fait des actes de guerre.
Des droits à construire
Les invalides suite à un accident du travail reçoivent leur salaire normal pendant six mois, et les deux tiers durant les six mois suivants. Rares sont les indemnisations, sauf cas exceptionnels. Après la première année d'invalidité, ces victimes sont licenciées. La pension de retraite ne dépasse pas 30€, les retraités sont gérés par l'Institut National de Sécurité Sociale, où le paiement de la pension de retraite continue à s'amenuiser chaque année avant de disparaître plus tard.
Dans les entreprises, la discrimination à l'emploi est visible car selon certains patrons, les travailleurs handicapés sont des charges supplémentaires. C'est pourquoi, nombre de ces personnes sont établies à leur compte, sans dispositions légales les concernant. Le Centre Intercommunautaire Congolais pour les Personnes avec Handicap a élevé un département chargé des relations professionnelles au rang de syndicat spécifique pour intégrer la dimension du secteur informel dans la politique de l'emploi. Actuellement, l'Union Nationale des Travailleurs du Congo (UNTC), encadre cette activité en vue de son intégration dans la politique de l'emploi, non seulement pour les travailleurs handicapés du secteur informel mais aussi ceux du secteur formel. Des négociations sont en cours au Ministère de travail pour insérer ces considérations dans la nouvelle politique congolaise axée sur la reforme du secteur de l'emploi.
Devant cette situation, le Ministère des Affaires Sociales a saisi l'opportunité de la Décennie Africaine des Personnes Handicapées, lancée en 1999 par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine, pour lancer son Programme National d'Intégration et de Réhabilitation des Personnes Handicapées (PNIR/PH). Il doit couvrir les domaines de la statistique, de la réforme des associations des personnes handicapées, de la tenue de leurs états généraux, de l'entrée en vigueur du plan d'action national révisé et des modalités de son financement, etc. Un cadre de concertation d'Etat a été relancé en janvier 2010, le Comité National d'intégration et de réhabilitation des Personnes handicapées, avec mission de mobiliser les ressources nécessaires au financement du PNIR/PH, de suivre et évaluer toute action menée en direction des personnes handicapées. Mais le Ministère, qui alloue environ 5 % de son budget à des subventions, doit faire face à la multiplication d'organisations de personnes handicapées, souvent créées par dissidence de grosses associations gérées "en monarque" par leurs dirigeants. Il en résulte une situation confuse, aggravée par l'instabilité des animateurs de cette politique à la tête de l'exécutif de l'État...
Article original sur Yanous
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