Nantes. Le combat d'une élève handicapée pour trouver un lycée
2012-09-13 19:16:51.169
À Nantes, Ahleme, 17 ans et demi, a dû batailler pour poursuivre ses études à la rentrée.
Jeune et brillante bachelière ayant un dossier scolaire impeccable, elle a vu sa candidature pour un BTS gestion comptabilité accepter haut la main dans un lycée public.
Mais, coup de Trafalgar: son inscription n'a pas été validée du fait de son handicap, les salles informatiques de l'établissement n'étant pas accessibles aux personnes en fauteuil roulant.
Le rectorat et la Région ont été saisis du dossier. Une solution a été trouvée in extremis dans un lycée privé.
La Région des Pays de la Loire promet que "ses" 112 lycées seront universellement accessibles en 2015 grâce à un plan d'actions de 40 millions d'euros. Du côté des collèges, le conseil général estime qu'il ne parviendra pas à cet objectif.
Un rapport national alarmant a été rendu public hier. Selon ce document, l'obligation prévue par la loi handicap de 2005 de rendre accessible aux personnes handicapées d'ici au 1er janvier 2015 tous les bâtiments recevant du public, ne pourra « en aucun cas être tenue ». Cet objectif est intenable compte tenu du "contexte économique et budgétaire actuel" et de "l'ampleur des travaux à réaliser".
La ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, a annoncé hier qu'elle allait réclamer aux préfets "un état des lieux précis" des transports et du bâti sur l'ensemble du territoire.
Enquête complète dans Presse Océan ce jeudi.
Source : http://www.presseocean.fr/actualite/handicap-ces-eleves-menaces-dexclusion-12-09-2012-47153
Retour sur Rencontre-HandicapAccessibilité : un rapport propose d'assouplir l'échéance de 2015
2012-09-13 07:54:56.767
« Il sera impossible de tenir l'échéance du 31 décembre 2014 pour la mise en accessibilité de l'ensemble des établissements recevant du public [ERP] existants. » Le constat établi par les auteurs du rapport sur l'application des règles d'accessibilité du cadre bâti pour les personnes handicapées ne surprendra personne. Ils estiment que seuls 15% des bâtiments existants ont été rendus conformes aux normes fixées par les décrets et arrêtés issus de la loi de février 2005, qui rend obligatoire la mise en accessibilité dans un délai de dix ans.
Trois options
Pour eux, trois options sont possibles :
1 – « Ne rien faire » : « La conséquence est que, dès le 1er janvier 2015, des contentieux seront ouverts à l'encontre (…) des gestionnaires des ERP de toute nature (...). Quelle qu'en soit l'issue, le gaspillage de ressources sera important et l'accessibilité n'aura pas progressé pour autant. Le risque est grand aussi de voir se multiplier les dérogations à l'approche de l'échéance. »
2 – « Reporter purement et simplement la date du 1er janvier 2015 » : cela « ôterait toute crédibilité au dispositif puisque chacun s'attendrait à ce qu'un nouveau report soit décidé à l'expiration du premier ».
3 – « Reste donc l'option du maintien ferme de la date de 2015, mais en modifiant l'objectif dans son contenu, afin de garantir l'avancement réel de l'accessibilité. »
Assouplir le calendrier et les normes
Les rapporteurs, issus des corps d'audit de l'Etat (Igas, CGEDD et CGEF), proposent donc « d'ouvrir sans délai le chantier d'une révision des exigences pour la mise en accessibilité pour mieux l'ajuster aux réalités des bâtiments recevant du public existants ». Autrement dit, rendre les normes moins contraignantes. Ils recommandent également, tout en maintenant l'échéance, de « définir des objectifs d'accessibilité intermédiaires pour 2015 ». Et de donner deux exemples : les restaurants pourraient être obligés, prioritairement, d'avoir une entrée accessible, une salle ou partie de salle, et d'offrir des WC accessibles ; l'accessibilité de l'ensemble des places de restauration (terrasse, deuxième salle…) étant reportée au-delà de 2015. De même les mairies et les services de l'Etat devraient rendre accessibles leurs guichets, remettant à plus tard, par exemple, l'accessibilité de certaines salles de réunion. Le rapport précise que tous les ERP seraient cependant « tenus de déposer auprès des préfets, avant le 1er janvier 2014, un calendrier exhaustif de réalisation du reste à faire, avant et à partir de 2015. »
Ce rapport a été réalisé en octobre 2011, mais n'avait jamais été rendu public. C'est Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée aux personnes handicapées, qui a décidé de le sortir du placard, alors qu'elle va faire une visite et donner une conférence de presse sur le thème de l'accessibilité, ce mercredi 12 septembre. L'heure des grandes discussions sur les moyens de parvenir à l'objectif d'une France accessible a sonné ! Franck Seuret
Source : http://www.faire-face.fr/archive/2012/09/12/accessibilite-un-rapport-propose-de-maintenir-l-echeance-de.html#more
Retour sur Rencontre-HandicapDur ramadan pour les Guinéens handicapés.
2012-09-12 08:33:56.873
Du 20 juillet au 19 août 2012, les musulmans guinéens ont observé le jeûne du mois de ramadan conformément aux prescriptions coraniques. En raison du contexte économique, ce ne fut guère facile pour les personnes handicapées. Témoignages.
Pour Elhadj Mamadou Saliou Camara, Premier imam de la mosquée Fayçal de Konakry, la plus grande du pays, l'observation du jeûne du mois de ramadan s'impose à tout musulman. Pour l'étayer, il invoque le verset 183 de la deuxième sourate du Coran : "Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l'avait prescrit à ceux d'avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété". Dans l'interprétation qu'il donne de ce verset, le leader religieux estime que "le jeûne est surtout une sorte de mise à l'épreuve de la foi du musulman. Parce qu'au cours de ce mois, ce sont des choses ordinairement licites (manger, boire, fumer et avoir des relations sexuelles avec son épouse légitime) qui sont exceptionnellement rendues illicites au cours de la journée. L'idée étant que celui qui aura réussi à s'y conformer aura, d'une certaine façon, reconnu la souveraineté de la volonté de Dieu sur ses propres désirs et passions. Le jeûne aide à discipliner et à soumettre l'âme du fidèle musulman à la volonté de Dieu."
Mais à l'en croire, le ramadan n'est pas qu'une question de foi abstraite, le jeûneur peut aussi en tirer des bénéfices sanitaires : "Après onze mois durant lesquels les fidèles se nourrissent et boivent comme ils veulent et quand ils veulent, le mois de ramadan, en les contraignant à se priver notamment de boire et de manger au cours de la journée, participe à la réduction du taux de cholestérol dans leur organisme." Pour se faire comprendre au mieux, Elhadj Mamadou Saliou Camara fait appel à la métaphore de la vidange qu'on fait subir aux engins motorisés au bout d'une certaine période de course !
Un jeûne sanitaire...
Cette vertu sanitaire se rattachant au jeûne, le docteur Mamadou Baïlo Kanté, consultant de recherche et formation en Sciences médicales et pharmaceutiques, la confirme. Selon lui, les avantages que l'on peut tirer du jeûne de ramadan sont d'autant plus évidents qu'en "temps normal, on prescrit à certaines personnes des régimes alimentaires privatifs quand ils sont sous la menace du surpoids ou d'autres problèmes du même genre." Le phénomène serait néanmoins plus manifeste en Occident où, estime-t-il, la suralimentation est un véritable problème de santé publique. Se prononçant sur le jeûne par les personnes handicapées en général, et celles mendiantes de Conakry en particulier, le Docteur Kanté pense qu'en raison des conditions de vie qui sont les leurs, "elles ont fini par développer une résistance supérieure à la nôtre." Comme comprenant que ses propos pouvaient prêter à équivoque, il s'empresse aussitôt d'ajouter : "ce n'est pas là une manière de cautionner ces conditions de vie ou de les minimiser, mais il s'agit d'une lecture que je trouve pour ma part lucide et dénuée de la passion empreinte d'une forte dose de pitié, comme c'est souvent le cas quand il s'agit de se prononcer sur les personnes handicapées."
...mais une solidarité en berne.
Un point de vue que ne rejettent pas forcément les personnes handicapées elles-mêmes. C'est ainsi qu'Ibrahima Camara, marié, père d'une fille de 12 ans et vivant exclusivement de la mendicité, relativise l'âpreté du jeûne de cette année par le fait que, "ramadan ou pas, nous avons fini par nous habituer à la faim. Sinon, ç'aurait été vraiment dur. Mais nous, nous ne sentons pas forcément la différence entre le mois de jeûne et les autres mois de l'année... Les temps sont tout simplement durs. La preuve est qu'on peut, certaines fois, rester jusqu'à 14 heures avant d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Pour preuve, ces 2.000 Francs guinéens [22 centimes d'euro] sont tout ce que j'ai eu à gagner depuis le matin alors qu'il est maintenant midi. Est-ce qu'un tel montant peut suffire à nourrir une famille de trois personnes ? Certainement pas. C'est vous dire combien de fois les choses sont compliquées pour nous."
Bien qu'au même titre que toutes les personnes mendiantes, handicapées ou non, squattant les abords de la mosquée Fayçal et les fondations de la passerelle de Donka, Ibrahima ait reçu d'un opérateur économique libanais une somme de 500.000 GNF (55€ environ), un sac de riz de 50 kg et 10 kg de viande en deux tranches, il dit avoir vécu un ramadan des plus difficiles.
Ainsi, la voix nouée par une colère contenue et teintée d'une certaine résignation, il raconte : "Mon épouse qui pratique un petit commerce et moi-même, nous étions obligés de nous débrouiller, chacun de son côté, pour que quelque fois, elle nous prépare quelque chose. D'autres fois, on ne pouvait s'offrir le luxe d'une préparation. On mettait alors en commun ce que nous avons pour acheter du riz."
L'achat de plats de riz, c'est également ce à quoi Sory a fait recours au cours du mois de ramadan. Agé de 22 ans et célibataire, il avait, dit-il, "tenu à jeûner". Natif de la capitale guinéenne contrairement à beaucoup d'autres personnes handicapées qui y mendient, Sory est formel : "Le mois de ramadan 2012 est certainement le plus dur qu'il m'ait été donné de vivre ces dernières années." A cette particularité, il trouve deux raisons essentielles. D'abord, le fait que contrairement aux années précédentes des plats n'aient pas été suffisamment servis au niveau de la mosquée de Fayçal. Y aurait-il effectivement eu moins de plats que les années passées ou bien serait-ce parce que la population mendiante augmente de manière vertigineuse d'une année sur l'autre ? Sory ne tranche pas. Par contre, en ce qui concerne la seconde raison, il constate que "le mois de ramadan 2012 a été caractérisé par le peu d'aumônes que nous avons reçues. On a eu l'impression que les temps sont de plus en plus durs. Et pour tout le monde, y compris ceux qui nous font des sacrifices. D'ailleurs, cela s'est davantage confirmé durant la fête. Le contexte est si difficile que beaucoup de ceux qui auraient pu nous venir en aide sont désormais, comme nous, des mendiants, handicapés ou pas."
Les conditions auront, comme on le voit, été difficiles. Pour autant, certaines personnes handicapées avaient tenu à jeûner. Elles le devaient d'autant plus que, selon Elhadj Mamadou Saliou Camara, "le handicapé doit jeûner si son handicap ne relève pas de douleurs de son organisme qui l'empêcheraient d'observer ce troisième pilier de l'islam." En plus des malades, voyageurs, femmes enceintes et nourrices, seules les personnes handicapées mentales bénéficient d'une exception pour ce qui est du jeûne du mois de ramadan.
Pour le Premier imam de Fayçal, le fait que des personnes handicapées trainent par terre, dans la boue ou la poussière, n'est pas une excuse pour qu'elles s'exonèrent de jeûner ou de prier. Invoquant les attributs divins de l'omniscience et du pardon, il déclare : "Dieu acceptera leurs actes s'ils ont fait les toilettes qui sont en leur possibilité." Mais selon l'imam, la communauté musulmane se devait de manifester sa solidarité à l'égard des personnes handicapées qui, elles-mêmes, "se devaient de faire montre de responsabilité en n'utilisant pas notamment l'argent à eux offert pour se droguer ou se saouler."
Sauf qu'en raison d'une austérité qui n'épargne personne, la solidarité religieuse n'aura pas particulièrement été au rendez-vous cette année. Même les entreprises qui avaient l'habitude de se livrer à un certain marketing social sur le dos des pauvres handicapés se seront montrées discrètes. Quant à l'Etat, il ne semble pas encore s'être remis de l'imbroglio qui avait été occasionné par l'expédition punitive du gouverneur de Conakry, Sékou Resco Camara, contre les mendiants de la ville en avril dernier...
Source : http://www.yanous.com/news/focus/focus120907.html
Boubacar Sanso Barry, septembre 2012.
Retour sur Rencontre-HandicapLe paradoxe de l'accessibilité payante.
2012-09-11 08:35:39.866
Depuis 40 ans les Parisiens handicapés bénéficient de la gratuité de transports collectifs globalement inaccessibles, et c'est au moment où ces transports deviennent accessibles que la gratuité est supprimée !
En cet été 2012 au climat automnal, le Conseil de Paris a failli complètement supprimer la gratuité des transports collectifs aux résidents handicapés ! Un projet de délibération préparé par l'exécutif parisien prévoyait en effet de faire payer la carte Emeraude, un titre de transport destiné aux personnes handicapées offrant la gratuité dans le métro, les bus, tramways, RER et trains de banlieue desservant Paris et les communes voisines. Avec l'objectif de récupérer 4,6 millions d'euros sur le dos des 140.000 usagers. Certes, la somme demandée restait faible, 20€ par an, mais elle venait s'ajouter aux nombreuses ponctions subies ces dernières années sur les remboursements et prises en charge de soins dont les personnes handicapées ou âgées ont besoin plus que d'autres. En somme, Paris optait pour une politique alla Nicolas Sarkozy en faisant payer les pauvres... mais sous François Hollande.
Au final, les bénéficiaires d'un minimum social seront exemptés de paiement, un amendement présenté par le groupe Communiste ayant été adopté en faveur des personnes ayant moins de 876€ de revenus mensuels. Handicapés ou âgés, les contribuables acquittant jusqu'à 2.028€ d'impôt sur le revenu paieront 40€ par an leur carte Emeraude à compter du 1er novembre 2012. Quant aux autres, ils seront soumis au régime commun. Nul doute qu'il y a certainement d'excellentes raisons financières et budgétaires pour justifier de faire payer les transports aux personnes à mobilité réduite, vu l'absence d'expression de leurs supposées associations de défense...
Pourtant, cette décision est paradoxale : instaurée en 1973, la gratuité pour les personnes handicapées des transports parisiens était de portée très limitée puisque métro, bus, RER et trains de banlieue étaient inaccessibles. La mise en accessibilité n'a débuté qu'en 1995, avec la 14e (et dernière) ligne de métro, ainsi que de la ligne 20 d'autobus. Si le réseau parisien des lignes de bus est considéré depuis deux ans par la RATP comme complètement accessible, la moitié seulement des lignes l'était il y a cinq ans encore. Utiliser le RER était une mission périlleuse; aujourd'hui, un trajet est à la fois compliqué, plus long et restreint, puisqu'il faut souvent emprunter des accès spécifiques dont le déverrouillage suppose qu'un employé soit disponible.
Mais surtout, les 13 lignes du métro parisien d'avant 1995 sont totalement inutilisables par les personnes en fauteuil roulant, et sans aucune perspective que cela change : la RATP a auto-décrété que la mise en accessibilité de ce réseau serait techniquement impossible et coûterait trop cher, sans toutefois fournir le diagnostic qui le prouve... Ni la ville de Paris, ni le Syndicat des Transports d'Ile-de-France, ni la RATP ne sont en mesure de présenter le document qui expose ligne par ligne et station par station les aménagements nécessaires et leur coût prévisible. Or, l'élaboration de ce document circonstancié est exigée par la loi du 11 février 2005, ce que vient de rappeler le Conseil d'État dans un arrêt du 22 juin 2012.
Avec la complicité passive des collectivités territoriales et des élus, la RATP, cet État dans l'État, s'est affranchie de la mise en accessibilité de son réseau de métro souterrain, qui demeure obligatoire même si aucune date-butoir ne lui est imposée conformément à l'article 45 de la loi du 11 février 2005 : "Les réseaux souterrains de transports ferroviaires et de transports guidés existants ne sont pas soumis au délai prévu au deuxième alinéa [février 2015], à condition d'élaborer un schéma directeur dans les conditions prévues au troisième alinéa et de mettre en place, dans un délai de trois ans [février 2011], des transports de substitution répondant aux conditions prévues à l'alinéa précédent."
La RATP et le STIF, autorité organisatrice de transport, n'ont respecté aucune de ces dispositions, au risque de mettre en insécurité juridique l'ensemble du Schéma Directeur d'Accessibilité des Transports de la région Ile-de-France, qui pourrait être logiquement annulé en cas de recours d'un résident francilien handicapé, celui qui, désormais, devra payer pour emprunter des transports mal accessibles.
Laurent Lejard, août 2012.
Source : http://www.yanous.com/news/topflop/topflop120803.html
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